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et moins avancé, a laissé plus d’énergie à cet élément modérateur. Ainsi, en Grèce, le génie déploya toute sa force au temps où les infusions sémitiques dominèrent, sans l’emporter tout à fait, c’est-à-dire sous Périclès, et sur les points du territoire où ces éléments affluaient davantage, c’est-à-dire dans les colonies ioniennes et à Athènes (1)[1].

Il n’est pas douteux aujourd’hui que, de même que les bases essentielles du système politique et moral venaient d’Assyrie, de même aussi les principes artistiques étaient fidèlement empruntés à la même contrée ; et, à cet égard, les fouilles et les découvertes de Khorsabad, en établissant un rapport évident entre les bas-reliefs de style ninivite et les productions du temple d’Égine et de l’école de Myron, ne laissent désormais subsister aucune obscurité sur cette question (2)[2]. Mais parce que les Grecs étaient beaucoup plus trempés dans le principe blanc et arian que les Chamites noirs, la force régulatrice existant dans leur esprit était aussi plus considérable, et, outre l’expérience de leurs devanciers assyriens, la vue et l’étude de leurs chefs-d’œuvre, les Grecs avaient un surcroît de raison et un sentiment du naturel fort impérieux. Ils résistèrent vivement et avec bonheur aux excès où leurs maîtres étaient tombés. Ils eurent du mérite à s’en défendre parce qu’il y eut tentation d’y succomber ; car on connut aussi chez les Hellènes les poupées hiératiques à membres mobiles, les monstruosités de certaines images consacrées. Heureusement le goût exquis des masses protesta contre ces dépravations. L’art grec ne voulut généralement admettre ni symboles hideux ou révoltants, ni monuments puérils.

On lui a reproché pour ce fait d’avoir été moins spiritualiste



(1) Movers, das Phœnizische Alterth., t. II. 1re partie, p. 413.

(2) Bœttiger, à propos de la plus ancienne façon de représenter, sur les monuments, l’enlèvement de Ganymède, où le petit garçon est rudement emporté, tout en pleurs, par les cheveux serrés aux serres de l’aigle, remarque que les traits caractéristiques de l’art grec primitif sont la vivacité, la violence et la recherche de l’expression de la force (Heftigkeit, Gewaltsamkeit, hœchste Kraftaüsserung). C’est bien nettement le principe assyrien et la marque de ses leçons. (Bœttiger, Ideen zur Kunstmythologie, t. II, p. 64.)

  1. (1) Movers, das Phœnizische Alterth., t. II. 1re partie, p. 413.
  2. (2) Bœttiger, à propos de la plus ancienne façon de représenter, sur les monuments, l’enlèvement de Ganymède, où le petit garçon est rudement emporté, tout en pleurs, par les cheveux serrés aux serres de l’aigle, remarque que les traits caractéristiques de l’art grec primitif sont la vivacité, la violence et la recherche de l’expression de la force (Heftigkeit, Gewaltsamkeit, hœchste Kraftaüsserung). C’est bien nettement le principe assyrien et la marque de ses leçons. (Bœttiger, Ideen zur Kunstmythologie, t. II, p. 64.)