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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/107

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avec lesquelles elle devait se présenter devant mon père.

Toute femme aime à plaire ; mais toutes ne sont pas coquettes : celle-ci l’était : jeune ; femme d’un vieil officier ; suivie de près ; que de titres pour l’être ! Une coquette cherche à charmer les autres ; qui aime à charmer, n’est pas loin de se laisser surprendre ; essayez de vous rendre maitre d’une telle nymphe, brusquez l’affaire, je vous réponds de la victoire. Tout cela se suit logique de galanterie, direz-vous ! Je la soutiens meilleure que celle de Nicolle et de Crouzas.

Rien n’excite plus les passions que la vue d’une personne qui, ne se croyant pas examinée, fait devant un miroir l’exercice de la coquetterie. Mon tempérament est impétueux, son feu se trouva encore animé par le désir que j’avais de faire un coup d’éclat. Je fermai les yeux et me livrai à tout évènement. Je sortis brusquement du cabinet, feignant d’être surpris de rencontrer quelqu’un, je demandai excuse à la dame de ce que je paraissais ainsi en déshabillé devant elle. Elle me répondit poliment ; je m’informai qui elle était et pourquoi elle venait : elle m’apprit qu’elle ne sollicitait point pour elle, et que, quoique née à Caen en France, elle n’avait jamais eu de procès, mais qu’elle venait pour une de ses sœurs actuellement fort mal, dont la cause devait être portée dans quelques jours à l’audience : elle ajouta qu’elle n’avait pas l’honneur d’être connue de moi, mais que son époux était tous les jours à la maison, et qu’il se nommait le chevalier Dorville. Je la regardai fixement. Comment, madame, repris-je, cet homme est votre époux ? C’est mon ennemi mortel, il m’a joué un tour sanglant, sans doute que vous en étiez complice ; puisque j’en