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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/113

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Il me gronda amicalement sur plusieurs livres, surtout à l’occasion des romans. Je fis la controversé sur cet article, il ne brilla pas ; il m’avoua que son fort n’était pas la dispute, qu’il était persuadé que les romans étaient mauvais, mais qu’il n’en avait jamais lu, et qu’ainsi il n’en pouvait pas juger. Il me conseilla de bruler mes miniatures et mes estampes ; sur ce que je lui représentai que cet assemblage valait plus de 200 louis, il me dit que la somme n’était pas assez considérable pour se damner pour elle : j’insistai sur la valeur des choses Hé bien, dit-il, vendez toutes ces infamies à quelque conseiller constitutionnaire, ces gens-là n’ont point d’âme à perdre : je lui promis d’y penser, et le janséniste me crut déjà dans la bonne voie.

De matière en matière, nous parlâmes de mon aventure. Il n’est pas étonnant que le saint homme fut curieux. Je lui racontai tout, et l’intéressai si bien que c’est lui qui a le plus contribué à la délivrance de Rozette, comme vous le verrez, et que c’est par son moyen que j’ai tout obtenu de mon père.

N’ayez point mauvaise opinion de lui sur la conduite que vous lui remarquerez. M. Le Doux n’est point un hypocrite, il est droit, bon ecclésiastique, mais simple, aisé à tromper, il a toutes les minuties de son état, mais n’en a pas les intrigues secrètes. S’il a fait quelque faute, j’en suis la cause. On n’est véritablement coupable que lorsqu’on l’est par le cœur.

Il était près de huit heures, M. Le Doux était retourné chez lui, et m’avait laissé le temps de revenir au sujet de mes inquiétudes. Je me promenais dans ma chambre à grands pas, je regardais par la fenêtre, Laverdure ne revenait point. J’excusais son retardement sur la différence des