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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/119

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lever ; la coiffure chiffonnée, manquant de la moitié de ses ajustements, et, dans un déshabillé qui n’était pas de commande, elle s’avança tristement, et eut beaucoup de peine à reconnaitre Laverdure sous sa physionomie empruntée. Sa surprise fut extrême, et elle la témoigna en reculant en arrière. La tourière la rassura ; elle ignorait, la bonne fille, le sujet de l’étonnement, et lui dit d 'un air assez sec qu’une demoiselle de son état ne devait pas voir avec effroi une parente qui avait la charité de venir la consoler dans son malheur. Un mot suffit à qui a de l’intelligence. Rozette se douta du tour, et pensa que la tourière n’était que l’écho de ce que Laverdure lui avait raconté. Elle se mit à pleurer : l’idée de sa captivité en présence de celui qui l’avait vue si triomphante dans le monde la désespérait : à peine, selon ce qu’elle m’a avoué depuis, put-elle soutenir sa présence. Laverdure, sans se troubler ni perdre son sang-froid, d’un ton grave, lui fit une leçon très vive sur sa conduite passée, la lui peignit avec des traits forts et nerveux, puis, insensiblement, radoucissant sa voix, il conclut, comme finissent tous les parents, par donner de la consolation à l’infortunée : il dit qu’il avait quelque argent à lui remettre, et que la Mère prieure avait bien voulu se charger d une somme pour subvenir à ses nécessités, si cependant elle se comportait avec prudence. Il donna alors à Rozette un louis, et lui glissa en même temps ma lettre, elle la prit avec ardeur, la cacha dans son sein ; ah ! que l’auteur eût bien voulu être à la place de son ouvrage ! Laverdure exigea qu’elle écrivît à sa mère (qu’il feignit être à Paris), qu’elle était contente dans la retraite où la Providence l’avait placée et qu’elle ferait ses efforts pour en devenir meilleure. La tourière fut chercher du papier et de l’