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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/118

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fille dérangée, il l’aimait cependant encore assez pour ne la pas entièrement désespérer, et qu’il venait lui apporter quelque soulagement. Alors il tira de sa poche deux louis, et en remit un à la dame en la priant de le distribuer par parties à Rozette à proportion qu’elle s’acquitterait bien de son devoir, et qu’il aurait soin chaque mois de lui remettre pareille somme. Cette générosité eut son effet ; la Supérieure admira le bon cœur de la prétendue parente, et, lui en faisant un compliment assez poli, elle l’assura que, dans peu, Rozette se trouverait à portée de profiter de ses avis et de ses bontés. Laverdure, sans y penser, fit une révérence d’homme assez marquée, ce manque d’attention devait le trahir ; mais tout réussit à qui est en bonheur ; on fut édifié au contraire de ce que la modestie ne lui permettait pas d’imiter ces révérences mondaines qui, dans le fond, sont très indécentes, et qui ne sont entretenues que par un esprit secret de libertinage.

En attendant l’arrivée de Rozette, Laverdure, qui sait que l’oisiveté est la mère de tout vice, s’occupa à examiner les tableaux qui décoraient le parloir. Il fut fort édifié des sujets qui y étaient représentés,, il n’y en avait aucun qui ne fût très régulier, mais il m’a avoué que, quoiqu’il ne soit pas autrement scrupuleux, il avait été scandalisé d’y voir des figures toutes nues de beaux jeunes hommes bien proportionnés et faits à ravir, et qui, sous prétexte d’être des anges, n’en étaient pas moins capables de donner à tout le couvent des tentations très peu archangéliques.

La tourière amena Rozette. Jugez, cher marquis, de son état. Encore fatiguée des plaisirs de la nuit, pleine de chagrins, les yeux baignés de larmes et qu’elle osait à peine