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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/129

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pour la plupart. Manette, libre enfin de l’embarras où j’avais mis sa dévotion et sa robe, s’étant elle-même raccommodée dans le miroir, me salua malignement et gracieusement : je la reconduisis et lui promis une coiffure de fantaisie et de l’aller voir souvent parce que j’aurais certainement besoin de sa protection. Elle se retira avec le contentement dans les yeux, mais avec le besoin autre part, car je ne suis pas assez orgueilleux pour croire que j’aie pu en un moment combler le vide que trois années d’abstinence avait laissé dans son âme. N’est-il pas vrai, cher marquis, que je suis un garçon d’un violent tempérament ? Si je ne trouvais, de temps à autre, quelque occasion de me réjouir, je périrais de chagrin.

J’aurais cru que cette tille auprès de M. Le Doux était peu sage ; point du tout ; il est des tempéraments qui ressemblent à ces machines qui n’ont de violence que lorsqu’elles sont montées. Elle m’a assuré depuis cent fois, que son maitre était un homme sur qui la nature ne s’était réservé aucuns droits, et dont l’unique occupation était de se mêler des affaires des autres, de diriger des vieilles, de les prêcher ou de les endormir.

Je fus au Palais où je trouvai le président ; l’audience levée, nous fûmes ensemble chez lui, où, ayant quitté nos robes, nous fîmes la partie d’aller rendre une visite de passage à Mlle Laurette. Elle se mit à rire en nous voyant, elle savait le malheur de Rozette, elle m’entreprit sur cet article, me reprocha mon peu de prudence et, avec un ton orgueilleusement plaintif, elle m’assura qu’elle était touchée du sort de sa bonne amie. Elle nous offrit à diner, nous la remerciâmes ; ses charmes et l’air dont elle en faisait parade nous invitaient à leur faire compagnie, mais