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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/142

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dérangeait pas d’un autre mes petites intrigues particulières. Ainsi jamais personne ne perd qu’un autre ne gagne.

Je m’étais écarté avec dessein de ne me pas perdre. Mlle des Bercailles me vint joindre. C’était dans une allée d’un bosquet extrêmement couvert. Là, pourrais-je vous dire, le lierre amoureux s’unissait à l’ormeau ; là une jeune vigne tapissait des murs de tilleuls et de sycomores : on y entendait le murmure d’une onde argentée et les concerts des oiseaux qui soupiraient leurs tendres soucis : je pourrais charger ce tableau et vous répéter toutes ces descriptions usées que les poètes se donnent de main en main, mais n’ayant pas perdu de temps à mon expédition, dois-je vous en faire perdre en y ajoutant des circonstances ? Nous arrivons, l’herbe était grande, nous nous y jetons, la belle était animée, j’étais plein d’ardeur, Vénus donne le signal, la pudeur s’envole, l’amour nous couvre de ses ailes ; le temps nous pressait ; nous ne le fîmes pas attendre ; le nuage se forme ; le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, il tombe et tout est consommé.

Nous regagnâmes la maison du curé et, en chemin, ma belle nymphe me répéta qu’elle était charmée de ce que j’étais gentilhomme. Ma foi, marquis, sans vanité, avec elle, j’avais valu le paysan le plus vigoureux. On ne s’informa pas d’où nous venions, chacun était occupé à faire son paquet pour partir : je vis la chambre du curé ouverte, j’y entre, Mlle des Bercailles m’y suit : le lit était bien fourni, bien mollet et semblait inviter à quelque chose. Sans doute il avait une vertu particulière, ou peut-être avait-il tâté du ratafia, mais à son aspect je devins comme un des curés : ma voisine s’en aperçut ; les fenêtres se ferment, les rideaux se tirent, la porte est barrée et je commence