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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/146

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Laverdure pour être instruit de ce qu’il avait exécuté en mon absence.

Rozette, qui n’avait eu rien tant à cœur que de sortir du lieu où elle était enfermée, et qui s’était imaginé que l’étude des livres que je lui avais adressés devait y contribuer infiniment, s’y était donnée toute entière. Elle en a profité d’une façon marquée. Un jour qu’elle était absorbée dans cette méditation, entra une religieuse : ces filles-là sont encore plus curieuses mille fois que les femmes du monde ; moins elles devraient savoir de choses, plus elles sont impatientes d’en apprendre. Est-il étonnant qu’il soit difficile aux religieuses de vivre heureuses ! Elle voulut apprendre quel était le livre qui était le sujet des réflexions profondes que Rozette semblait former avec tant de soin. Rozette fit difficulté ; la sœur n’en eut que plus de désirs ; elle le demanda avec empressement, on le lui refusa par plaisanterie ; sa curiosité s’en fâcha et fut poussée au point que dans son transport elle fit ce qu’elle put pour arracher le livre. On le lui refusa alors très nettement, et elle eut le désespoir de se voir même méprisée. Ah ! que la sainte vengeance va bien faire son devoir ! La sœur Sainte Monique, c’était son nom, va mettre l’alarme dans le couvent, raconte à toutes celles qu’elle rencontre, qu’elle a vu quelque chose qui fait trembler (elle n’avait rien vu certainement), que la fille renfermée dans la chambre rouge avait été surprise par elle à lire un livre affreux, abominable, couvert de noir avec des flammes jaunes dessus, que ce livre était un livre de magie, qui contenait la fin du monde, qui faisait venir le diable, que c’était le grand Albert ou peut-être même un rituel ou un grimoire. La supérieure tremble à ce récit, tout le couvent est dans l’effroi, on sonne la cloche, on assemble la