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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/147

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communauté, on parle, on discute, on délibère, on opine, on décide, sur quoi, sur rien absolument, parce qu’il n’avait été rien proposé ; on fait avertir un grand vicaire, il vient, on lui dit le cas, il en sourit, et monte chez Rozette, lui demande ses livres, elle les remet et l’on trouve entre ses mains un ouvrage janséniste ! On lui demande si elle est du parti des Appelants, elle répond que oui fermement et qu’elle en sera toujours. Elle croyait la pauvre fille, que celui qui l’interrogeait de la sorte, était du parti, qu’il était temps de jouer son rôle. Le grand vicaire, homme d’esprit, lui dit qu’il était charmé de ses sentiments et que le parti des Appelants était fort bien soutenu par des personnes de réputation comme elle dans le monde et, d’un ton ironique, lui demanda si, parmi ses compagnes elles étaient un grand nombre attachées à la bonne cause. Rozette vit sa méprise et donna une réplique qui ne déplut pas à l’ecclésiastique ; il ordonna qu’on eut soin d’elle et qu’on ne lui donnât que de bons livres : Il se saisit des volumes jansénistes et les emporta.

Cependant les religieuses n’avaient pas encore su ce que c’était que ce grimoire, sujet de leurs alarmes. Elles firent ce qu’elles purent pour l’apprendre de Rozette ; celle-ci, pour les désespérer, refusa absolument de les satisfaire : elles entrèrent dans une fureur extraordinaire, et lui auraient dès ce jour interdit tout soulagement si le grand vicaire en sortant ne leur eût recommandé de ne point inquiéter leur pensionnaire. On ne lui promettait cependant pas de laisser ce mépris sans une vengeance marquée. D’abord on refusa à Laverdure l’entrée du couvent pendant plusieurs jours : ce ne fut qu’après en avoir appris la cause qu’il demanda à parler à la sœur Monique et lui dit que c’était lui qui avait apporté les livres que Rozette lisait