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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/48

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des mystères, nous jugeâmes qu’elles ne pouvaient allumer que des feux d’artifice.

Nous considérions d’un côté de la place le café de la Régence, si brillant autrefois ; nous plaignions la maitresse de ce lieu, qui a été forcée de fuir un époux, qui ne sera jamais choisi pour servir le nectar des dieux.

De l’autre côté nous apercevions le café des Beaux-arts, café nouveau, orné très galamment, bien fréquenté, et qui, s’il continue, ne sera pas sitôt le café des Arts défendus.

La maitresse de ce cabinet[1] était sur sa porte en négligé. Souvent il y a plus d’art dans cette simplicité que dans les ornements précieux. Elle est prévenante et gracieuse. Sans être belle, on plait quand on lui ressemble. Elle est bien faite, a la peau fort blanche, parle avec aisance, et l’esprit accompagne ses réparties. A la façon propre de se mettre, on imagine qu’elle doit être sensuelle dans le particulier. Sa jambe est fine et déliée à ce qui parait. Je connais un autre sens que la vue qui aurait plus de satisfaction à en décider.

Cependant arriva Laverdure : il descendit de carrosse : nous y montâmes. Tout est prêt, dit-il, Mlle Laurette et Mme Argentine vous attendent, mais Mlle Rozette est indisposée, et vous fait ses excuses. Cette nouvelle, que Rozette devait être de la partie, et n’en serait pas, me rendit chagrin. J’ignorais la surprise qu’elle nous ménageait. On s’afflige souvent de ce qui nous doit être le plus agréable dans la suite.

Le président ne déparla pas jusqu’au logis de nos demoiselles. Il est permis de ne pas garder le silence

  1. Elle se nomme Mme Morin.