Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/47

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Mon cher conseiller, me dit-il, une prise d’Espagnol ? C’est ce marchand arménien qui est là-bas sous ces arbres qui me l’a vendu. C’est un nouveau converti : on le dit bon chrétien ; mais ma foi, il est Arabe avec les curieux. Vous voilà beau comme l’amour ; on vous prendrait pour lui, si vous étiez aussi volage ; mais on sait que la jeune baronne vous tient dans ses chaines. Votre père est à la campagne. Divertissons-nous à la ville. Quel désert que Paris ! Il n’y a pas dix femmes : ainsi celles qui veulent se faire examiner ont des yeux à choisir.

Je vous fais diner avec trois jolies filles ; nous serons cinq, le plaisir fera le sixième, il sera de la partie puisque vous en êtes. J’ai renvoyé mon équipage, et Laverdure doit m’amener une remise.

Argentine est du diner, c’est une fille adorable, au libertinage près, elle a les meilleures inclinations du monde.

Ne reconnaissez-vous pas bien là, cher marquis, le président ? Il a du génie, de l’honneur, mais il tient furieusement au plaisir. La nuit au bal, à sept heures du matin au Palais : il n’est ni pédant en parties, ni dissipé à la Chambre. Charmant à une toilette, intègre sur les fleurs de lis, sa main joue avec les roses de Vénus, et tient toujours en équilibre la balance de la justice.

Nous sortîmes insensiblement du jardin. Laverdure n’était pas encore arrivé. Depuis quelque temps, nous entendions les propos de deux jeunes gens qui se confessaient mutuellement leurs bonnes fortunes, mais qui, à leur air, m’avaient bien celui de mentir au tribunal.

Nous apercevions à leurs fenêtres plusieurs vestales, dont la réputation est excellente dans le quartier, et embaume tout le voisinage ; elles étaient parées comme pour