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Page:Godefroy - Dictionnaire de l'ancienne langue française, 1883, T02, CASTE-DYA.djvu/379

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CRE

CREMOIR, cremm., v. a., craindre :

A toz celz del pais forment se fist cremoir. (Herman, Bible, Richel. 24387, f° 64b.) Cremnioir Deu est uni bien lii a faire soit trespûsseir. (/o6, Ler. de Lincv, p. 442.) Que nel devez gaires cmnoir. (Ftorimonl, Riihel. 79-2, f» 14.) Moult vous soloîeot ja cremoir. (Eteocle et Poliii., Richel. 373, f° ST".) Sa pitiés est d’oir en oir A ceus qui la welt cremoir. (Caiit. Mariae, Lib. Psalm.. p. .SCO. Michel.) Dame, fet-il. or ne cremoir. Or pues t’avision veoir. (G. de Païenne, Ars. 3319, C 119 i-°.) Pour Aïiiens faire cremoir. (MousK., Cliroii., 27010, lîeiff.) Dieu tout puissant que toutes criatures doit cremoir et amer. ( Vies et mari, des beneur. virges, Maz. 568, f» 318.)

Cremoir le jor do jusemeut. {Riule S. Beneit, Richel. 24960, f» 9 v».)

— Réfl., dans le même sens :

C’est ce doDt pins le doiz cremoir. (Marie, Ysopel, Richel. 19152, f 23.)

— Infin. pris snlist. :

Li conienceniens de savoir est cremoirs Dieu. {Serm. du xiu° s., ms. Mont-Cassin. f° 102’^.)

CREMOR, - our, - eur, cremmor. crim., criembor, crienbor, s. f., crainte, efïroi, terreur :

Et ne porquant, se cremor an aves, Mandes le roi salus et amistes. (Les Loh., ms. Montp., f 153’^.)

Li dolors et li crimors. (S. Cern , Serm., Richel. 24768, f 56 v».)

Li crimors nostre Seignor est li conimenceuienz de sapience. (Id., ib., !" 95 r».)

Nule créature ne li fust a crimour. (Id. ib., f» 147 r».)

Car irors si est voisine a orpuelh et cremmors a remission. (Job, p. 453, Ler. de Lincy.)

La largesse prent de cremor. (Florimont, Richel. 792, f" 17°.)

Et prent largesse de criemior. (Ib.. Richel. 13101, f° 37.)

Ce est largesce de cremour. (Ib., Richel. 792, 1° 17».)

… crienbor. (Ib., Richel. 13101, f" 37.)

Mes la dontance et la cremors. Qu’il meismes a de sa vie, Li consentent ke il l’ocie. (Dotop., SCSI, Bibl. elz.)

Moult vaut muez servir par amor Que par force, ne par cremor. {Ib., 21S7.)

Or doit cremnirs guardor te vie Ke tu ne chiees par folie. ifielivr. du peiip. dlsr., ms. du Mans 173, l" 17 r°.)

Que ceulx qui ont la solicitude et la cure de la police se préparent et ayeut cremetirs et paour affiu qu’ilz eulcudeut a garder leur police. (Oresme, Polit., C 185’, éd. 1489.)

Et estoit partis de le Calongne en grant cremeur. (Feoiss., Chron., V], 198, Luce.)

Houueur. cremeur et révérence. (.v« s Cari. deFlines, >. 926, llaulcœur.) ’

CRE

Et fit toute la noblesse bourbonnoise croller sous sa cremeur. (G. Ch.stell.in, les hauts faits du Duc de Bourg., VU, 21oi Kerv.)

En très grande cremeur et obéissance. (La Marche, Mém., iutrod., c. 5, Michaud.) Wall., crimeûre,

CREMU, cremmu, part, passé et adj., craint, redouté : Par tôt le mond iert cremmin. (Adam, p. G2, l.nzarche.) Par lui est Kalles cremus et redotes. (Radib., Ogicr. 2363, Barrois.) Or est li rois mes pères, li nobles, li cremm. Par dcdens Englelerre prisonnier retenus. (Cuv., du Gueselm, 3374, Charrière.) Trop niieulx vault a prince estre amez que cremus. (Crist. de Pisan, Ch. Y, m, 10, -Michaud.) Aussi doivent estre les chevetains loyauls, sages et preux Qers et cremus sur tous autres. (Id., ib., 2° p., ch. 31.) Impr., crennis. De peuple amy vient au prince richesse, et au prince cremu vient puissance de peuple. (G. Ch.^stell.un, les Hauts faits du duc de Bourg., VU, 3U3, Kerv.) Et en sont amez et cremus de leurs ge- lines. (Evang. des Quenouill., p. ISO, Bibl. elz.) cREMYi.-ns, voir Crameillie. CRENCE, voir Creancl:. CRENCiEUR, voir Creanceor. CREXE, crcnne, s. f., entaille, coche, cran : Un cren.ou crenne, crcna. (R. Est., Petit Dict. fr.-lat ) Chacun cheval estoit couvert d’un capa- rensou de veloux jaune semé de croissantz de fi! d’argent de rellief, le bort surgetté de fruictz et fueillages de broderie de sem- blable guyppure. et retaillé par crenes et poiuctes. (Entr. de Henri II d Rouen, V 31 V».) La scie est faite de dens ou crennes al- ternatives. (Le Blakc, Trad. de Cardan., f» 59 r", éd. 1556.) Or en la lime, ils out fait les crennes di- verses selon la latitude. (Id., ib.) Coche, cremie ou cren d’une flesche d’arc, ou de semblable. (Trium linq. dict., 1604.) CRENEE, S. f., créneau : Sa masou ai environnée, Ostei li ai sa crenee. (Lib. Psalm., xxvi, p. 278, Michel.) — Taille, impôt, rente : Et les affrauquissons de toutes exactions, scos, débites, creneez, giestes, priiers, talhes, serviches et corweez envers tous prelaus. (J. de Stavf.loi, Chron., p. 84, Borgnet.) ' i" > Apres fu conclus sour le hault siège, que ons n’aideroit point monsangneur, se ilh ne faisoit paiier chuaz qui dévoient leur crenee de fait du duc de Borsonsue. (d . ib., p. 364.) o n ^ , CRENEis, S. m., taille, impôt : Comment tout ly paiis fut apovris des grandes talhes et creneis que les sangneurs GRE

devantrains et defourlrains y fisent. (J. de Stavelot, Chron., p. 126, Borgnet.) CRENER, V. a., entailler : Une taille pour crener ou tailler ce qu’on prend a crédit. {Triim ling. dict., 1604.) — Crenê, part, passé et adj., entaillé : Pinnatus, ta, lnm,crené. Chiqueté comme creneaulx. (R. Est., Dictionariolum.) Frangé et crené, Fimbriatus. (In., Pet. Dict. fr.-lat.) ^ ’ Le bord de la jubbe estoit crené menu et dentelle et semé de presmes d’esme- rauldes, s aphis, et doubletz. (Entr. de Henry II d Rouen, l’ 37 v».) Folium crenatum, pinnatum, feuille cre- nee. (JoN.j Momencl, p. 109, éd. 1577.) Frange crenee. (La Porte, Epith.) Créner est resté dans la langue moderne avec le sens technique d’évider. CRENET, S. m., créneau : En cel chastel avoit une haute tor; sur chacun crenct avoit deux hommes. (B. le Très., Cont. de G. de Tyr, p. 242, Guizol.) CRENEURE, S. L, fente, ouverture : Vees TUS la cel tertre, a celé creneurc. (liomn. dili.r., i" 43 Michelant.) Si ne se peurent tenir de vestir leurs pelices, et venir guecter par la creneure d’une fenestre. iPerceforest, vol. IV, ch. 13, éd. 1528.) Creneure, coupure par dentelles. (N’icoi.) La langue moderne a gardé crénure, comme t. d’imprim., avec le sens de mortaise. CRENKINEUR, VOir CRANEKINEUR. CRENNE, voir Crene. CRENNEQUIN, VOir CR.4NEQUIN. CRENNEQUINIER, VOir CflANEQUINlER CRENNERE, S. f . ? Pour pièce de flasques et de crenneres et boetes de barbiers, sept solz tournois. (1486, S(at des pot. d’étain, Ord.,xix, 706.) CRENNioN, voir Cranion. CRE.voN, voir Crignon. CRENOTiN, S. m., corbeille d’osier ; Ung petit crenotin. {Compte de 1539, Bé- thune, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ) CRENSSEUR, Voir Creanceor. CRENU, kernu, qucrnu, grenu, gernu, crinu, crigmi, adj., à longs crins, chevelu : Devant els mainnent les auferrans crenus- {Les Loh., ms. Montp., f" 128.) Gros le col e kermiz. (P. DE Thadm. Best., 15, Wright. I E cheval freis, livré e quis, Ignel, d’Espaigne, bai, crt’iui. (Ben., d. de Xorm., II, 21813, Michel.) Et OJinel s’en vait seir Bauçaa le keriiri Pur demander suceurs que il lust succuru. (J. Eantosme, Cliro7i , 16C4, .tlichel.) Li cops fu grans, s’est aval descendu Desus le col de l’auferant gernu. (Raimeert, Ogier. 3307, Barrois.) Et Ogiers broce Broiefort le gernu. (Id., ib., 6318.)