Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/11

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du crime. Beaucoup de choses qui concourent à fortifier les soupçons. Depuis cette époque, Williams a constamment paru mécontent de sa situation, ayant toujours, comme on le voit bien aujourd’hui, un grand désir de me quitter, mais en même temps n’osant pas risquer une telle démarche sans prendre des précautions. Ce fut peu de temps après cela que vous, M. Forester, vous vîntes passer quelques jours chez moi ; je ne remarquai pas sans déplaisir ses relations toujours de plus en plus intimes avec vous, attendu l’opinion fort équivoque que j’avais de sa probité et la crainte où j’étais qu’il ne parvînt à vous faire la dupe de son hypocrisie : en conséquence, je lui fis des menaces sévères, et je pense que vous avez dû remarquer aussitôt après un changement dans sa manière de se conduire avec vous.

— Je l’ai remarqué, et cela me parut, dans le temps, assez extraordinaire et assez difficile à expliquer.

— Quelque temps après, comme vous savez, il y eut une entrevue entre vous et lui. Si le hasard vous fit rencontrer ensemble, ou si ce fut prémédité de sa part, c’est ce que je ne saurais dire ; mais alors il vous déclara l’état de gêne et d’embarras où il se trouvait, sans vous en découvrir la cause ; il vous proposa ouvertement de l’aider à s’enfuir de ma maison, et, en cas de nécessité, de lui servir de protecteur contre mon ressentiment. Vous lui offrîtes, à ce qu’il me semble, de le prendre à votre service ; mais rien ne pouvait lui convenir, vous