Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/142

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Sans autre empêchement, j’arrivai au port où j’avais résolu de m’embarquer ; je trouvai un vaisseau tout prêt à lever l’ancre dans quelques heures ; je demandai le capitaine, et je fis marché avec lui pour mon passage. L’Irlande avait pour moi le désavantage d’être une des dépendances du gouvernement britannique, et par conséquent de m’offrir moins de sûreté que la plupart des autres pays qui sont séparés de l’Angleterre par l’Océan. À en juger par l’activité avec laquelle j’étais, à ce qu’il semblait, poursuivi dans ce royaume, il n’était pas impossible que l’acharnement de mes persécuteurs vînt me chercher jusque sur l’autre bord du canal. Néanmoins c’était une idée un peu consolante pour moi de songer que j’étais sur le point de me voir un peu plus loin de ces affreux périls dont l’image me tourmentait sans relâche.

Y avait-il quelque danger possible à craindre dans cet intervalle si court qui allait s’écouler jusqu’à l’instant où le vaisseau lèverait l’ancre et quitterait le rivage de l’Angleterre ? Aucun, vraisemblablement. Il s’était passé très-peu de temps entre ma résolution de m’embarquer et mon arrivée au port ; si mes persécuteurs avaient pu recevoir quelque nouvel avis, ce ne pouvait être que quelques jours auparavant de la part de la vieille des voleurs. J’avais tout lieu d’espérer que je les avais devancés par ma diligence. Néanmoins, pour ne négliger aucune précaution raisonnable, j’entrai à l’instant à bord, résolu à ne pas m’exposer inutilement à quelque fâcheuse rencontre en me montrant