Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/163

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guinées pour ma rançon. Néanmoins, pour conserver toute l’intégrité de leur réputation, ils voulurent absolument me conduire avec eux pendant quelques milles sur l’impériale[1] d’une diligence. Ensuite ils feignirent que la route qu’ils avaient à suivre les mettait dans la nécessité de prendre un chemin de traverse ; et, après avoir quitté la voiture, ils me permirent, dès qu’elle fut hors de portée de nous voir, de me débarrasser de leur importune compagnie et d’aller où il me plairait. On peut remarquer en passant que ces fripons s’étaient attrapés eux-mêmes dans leurs propres filets. Ils m’avaient d’abord capturé comme une proie qui devait leur rapporter cent guinées ; ensuite ils s’étaient crus trop heureux de composer pour onze ; mais s’ils m’avaient gardé plus longtemps en leur possession, ils auraient retrouvé l’occasion de gagner, d’une autre main, la somme qui les avait mis originairement à ma poursuite.

Les mésaventures qu’avait entraînées ma dernière tentative d’échapper à mes persécuteurs en mettant la mer entre eux et moi, me détournèrent de l’idée de recommencer la même expérience. J’en revins donc encore une fois au projet de me cacher, au moins pour le présent, dans la foule immense de la capitale. Cependant, je ne trouvai nullement à propos de me risquer à suivre la grande route, et cela d’autant moins que c’était la direction qu’avaient choisie mes deux ci-devant conducteurs ;

  1. Outside.