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Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/175

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mulais pas que l’expérience et la pratique sont nécessaires pour frayer la route aux bonnes productions. Mais si ces deux maîtres me manquaient absolument, au moins mon penchant naturel m’avait-il toujours porté vers cette carrière, et une soif d’instruction que j’avais sentie dès ma première jeunesse m’avait rendu les livres beaucoup plus familiers qu’on n’aurait pu l’attendre de ma position. Si mes prétentions littéraires étaient bornées, je ne comptais pas non plus les faire payer bien cher. Je ne voulais que subsister, et j’étais convaincu qu’il n’y avait guère de personnes en état de vivre à aussi peu de frais que moi. Je considérais aussi que ceci n’était qu’une ressource temporaire dont je n’aurais à faire usage que jusqu’au moment où les événements me permettraient de me placer plus avantageusement. Les motifs qui me décidèrent surtout à fixer ainsi mon choix furent que cet emploi était celui qui exigeait de ma part le moins de préparatifs, et qu’aussi, à ce que je m’imaginais, c’était celui que je pouvais exercer avec le moins de risques d’être observé.

Dans la maison où je logeais il y avait une femme de moyen âge qui vivait seule dans une chambre sur le même palier que moi. Je ne fus pas plutôt déterminé sur la direction que je donnerais à mon industrie, que je jetai les yeux sur cette femme comme sur l’intermédiaire qui pourrait me servir pour la vente de mes productions. Exclu comme je l’étais de tout commerce avec mes semblables en général, je trouvais du plaisir à échanger de temps