Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/33

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faire attention à moi. De ces onze prisonniers, deux étaient là pour vol de chevaux[1], trois pour avoir volé un mouton, un pour avoir volé dans une boutique[2], un autre pour fausse monnaie, deux pour vol de grand chemin, et deux pour vol avec effraction[3].

Les voleurs de chevaux étaient à faire une partie de cartes, qui fut interrompue par un différend survenu entre eux, accompagné de grandes vociférations et d’appels qu’ils faisaient aux uns et aux autres pour décider le coup, mais fort inutilement, car l’un ne les écoutait pas, et d’autres les laissaient au milieu de leur récit pour aller porter loin de leur tapage leurs angoisses intérieures.

C’est la coutume parmi les voleurs de former entre eux une espèce de tribunal burlesque dont chacun va prendre la décision pour savoir s’il sera acquitté, s’il aura répit ou grâce, ainsi que pour essayer la manière la plus adroite d’établir sa défense. Un des voleurs avec effraction, qui avait déjà passé par cette épreuve, était à se promener fièrement en long et en large dans la chambre avec un air de bravade, en criant à son camarade qu’il était aussi riche que le duc de Bedford ; il possédait cinq guinées et demie, ce qui était bien tout ce qu’il pourrait dépenser dans le mois ; et, quant à ce qui arriverait après cela, c’était l’affaire de Jack

  1. Horse-sterling. D’après une loi d’Édouard VI, le vol d’un cheval ou d’un mouton faisait encourir la peine de mort sans bénéfice du clergé.
  2. Shop-lifting, vol dans une boutique pour une valeur de cinq livres sterling.
  3. Burglary.