Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/65

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une voix qui criait de la porte du jardin : « Holà ! qui est là ? Qui a ouvert la porte ? » L’homme qui criait ne reçut point de réponse, et la nuit était trop noire pour qu’il pût distinguer les objets à une certaine distance. En conséquence, à ce que je m’imaginai, il retourna sur ses pas pour prendre de la lumière. Pendant ce temps-là, le chien, qui comprit le ton sur lequel ces questions étaient faites, recommença à aboyer plus fort que jamais. Il n’y avait plus moyen de songer à faire retraite, mais je n’étais pas sans espoir de pouvoir encore venir à bout de mon dessein, et de franchir le mur. Par malheur, tandis que cet homme était allé chercher sa lanterne, il en survint un second ; et comme pendant ce temps j’avais atteint le sommet du mur, je fus aperçu de ce dernier. Celui-ci, dès qu’il me vit, poussa un grand cri et me lança une énorme pierre qui me rasa de fort près. Dans une situation aussi critique, je ne vis pas d’autre ressource que de me laisser aller de l’autre côté, sans prendre les précautions nécessaires, et dans ma chute je me démis presque la cheville du pied.

Il y avait dans le mur une porte dont je n’avais aucune connaissance, et au moyen de laquelle les deux hommes furent en un moment de l’autre côté avec la lanterne. Ils n’avaient pas autre chose à faire que de courir le long de la ruelle jusqu’à l’endroit où j’étais descendu. Je voulus me relever ; mais la douleur de ma chute était si vive, que je pouvais à peine me tenir debout ; après m’être traîné l’espace de quelques pas, je sentis mon pied fléchir