Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/97

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— Retenez votre maudite langue, la vieille, lui dit-il d’un ton sévère, et allez-vous-en chercher une de mes meilleures chemises, une veste et quelques linges.

En disant cela, il lui remit un petit trousseau de clefs. En un mot, il me prodigua les soins d’un père ; il examina ma blessure, la nettoya, et y appliqua un appareil, dans le même temps que, par son ordre exprès, la vieille me préparait les aliments qu’il avait jugés les plus convenables à mon état de faiblesse et de langueur.

Ces opérations ne furent pas plutôt achevées, que mon bienfaiteur me recommanda d’aller me reposer. On était à faire tous les préparatifs nécessaires à cet effet, quand nous entendîmes tout à coup la marche de plusieurs personnes en dehors, et, l’instant d’après, un coup fut frappé à la porte. La vieille ouvrit avec les mêmes précautions qu’à notre arrivée, et à l’instant six ou sept hommes entrèrent tumultueusement dans la chambre. Ils formaient un groupe assez bizarre, les uns étant vêtus comme de simples paysans, les autres comme des bourgeois de campagne mal vêtus ; mais tous avaient un air de désordre, d’audace et de turbulence, tel que je n’en avais jamais rencontré sur tant de figures à la fois. Ce qui redoubla ma surprise, c’est qu’au second coup d’œil je trouvai dans la mine de plusieurs d’entre eux, et surtout d’un en particulier, quelque chose qui me fit croire que c’était là la bande de brigands auxquels je venais d’échapper, et que celui dont l’air m’avait le plus frappé était ce même ad-