Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/109

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de M. Falkland. Les illusions auxquelles elle s’abandonnait à cet égard ne lui laissaient aucune idée pénible. L’incertitude même de l’événement lui faisait désirer de voir se prolonger une situation qui pouvait être trompeuse, mais qui, telle qu’elle était, avait aussi des charmes.


VIII


Rien n’était plus loin des intentions de M. Tyrrel que de laisser ainsi tomber son projet. Il ne se vit pas plus tôt débarrassé de la bonne gouvernante, qu’il changea tout à fait de système dans sa conduite. Enfermant étroitement miss Merville dans son appartement, il voulut la priver de tout moyen de communication au dehors de la maison. Il la mit sous la surveillance d’une servante sur la discrétion de laquelle il comptait, et qui, ayant été autrefois honorée des faveurs secrètes du maître, voyait les égards dont Émilie jouissait à Tyrrel-Place comme une usurpation sur des droits qui lui semblaient beaucoup mieux établis. M. Tyrrel lui-même fit tout ce qui était en son pouvoir pour jeter des nuages sur la réputation de son innocente cousine, et il représenta à tous les gens de sa maison les précautions qu’il prenait à son égard comme absolument