Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/161

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en à l’auberge du Griffon commander une chaise de poste.

— Arrêtez, mais arrêtez donc… n’envoyez pas… Trois heures seulement ; je vais dépêcher un exprès à M. Falkland, et je vous réponds qu’il satisfera à tout, qu’il vous mettra à l’abri de tout, que vous serez content sans qu’il soit besoin de conduire en prison cette pauvre enfant.

— Nous avons justement des ordres particuliers là-dessus. Il ne nous est pas permis d’accorder une minute… Bullock, pourquoi n’êtes-vous donc pas parti, vous ? Dites qu’on mette les chevaux sur-le-champ. »

Émilie avait écouté toute cette conversation, qui lui avait suffisamment expliqué ce que l’apparition des recors avait eu d’abord d’énigmatique pour elle. Cette incroyable et affreuse vérité dissipa tout à fait les illusions du délire qu’elle venait d’essuyer.

« Chère Mrs. Hammond, dit-elle, ne vous épuisez pas en efforts inutiles. Je suis bien affligée de toute la peine que je vous cause. Mais mon malheur est inévitable. Monsieur, si vous voulez attendre un moment dans la chambre à côté, je vais m’habiller et vous suivre. »

Mrs. Hammond commença bien aussi à s’apercevoir que ses instances ne serviraient à rien ; mais il lui fut impossible d’avoir autant de patience. Tantôt elle déclamait contre la barbare brutalité de M. Tyrrel, qu’elle disait être un démon incarné plutôt qu’un homme. Tantôt elle se répandait en invectives amères contre la dureté d’âme de l’huis-