défaire à votre gré, de changer les lois de la nature comme il vous plaît ? »
Les reproches de Mrs. Hammond firent goûter à M. Tyrrel, pour la première fois, la coupe d’amertume que la vengeance céleste lui avait réservée. Ce fut là le commencement d’une longue suite de mépris, d’insultes et d’exécrations qu’il était destiné à endurer. Les paroles de Mrs. Hammond furent prophétiques. Il fut aisé de voir que, si la fortune et la naissance servent de manteau pour couvrir beaucoup de crimes, il en est pourtant qui appellent à si haute voix l’indignation générale, que, semblables à la mort, ils mettent au niveau toutes les distinctions et rabaissent le criminel à l’égal du dernier des hommes. M. Tyrrel ne fut plus regardé que comme le lâche et tyrannique meurtrier d’Émilie ; ceux qui n’osaient risquer d’exprimer tout haut leurs sentiments contre lui n’en étaient que plus profondément pénétrés, et le maudissaient en murmurant, tandis que le reste jetait un cri général d’exécration et d’horreur. Lui-même fut frappé d’étonnement de la nouveauté de sa situation. Accoutumé à voir tous les hommes tremblants et soumis, il s’était imaginé que son empire ne devait pas avoir de fin et que tous les excès possibles de sa part n’auraient jamais la force de briser le charme. Maintenant il regardait autour de lui, et voyait sur chaque visage l’horreur qu’il inspirait, prête à éclater comme un flot impétueux à la moindre provocation, et à briser toutes les barrières de la crainte et de la subordination. Toute