folles et oiseuses de la chevalerie pour qu’une humiliation aussi déshonorante, d’après ses propres opinions, pût jamais sortir de son esprit. Il y a une sorte de caractère sacré attaché à la personne d’un véritable chevalier, qui rend éternel et indélébile le moindre acte de violence grossière commis sur lui. Être frappé, foulé aux pieds, traîné sur le parquet ! Puissances du ciel ! qui pourrait supporter une pareille violence ? quelle expiation pouvait jamais effacer cette horrible tache ? Et, ce qu’il y avait de plus désespérant encore, l’assaillant ayant cessé de vivre, la seule espèce d’expiation que prescrivissent les lois de la chevalerie était devenue impossible.
» Il est vraisemblable que, dans les périodes futures des progrès de la civilisation, il viendra un temps où il sera impossible de rien comprendre à cette étrange sorte de calamité qui vint à bout de flétrir et de dessécher une des plus belles intelligences qui aient existé. Si M. Falkland eût pu réfléchir avec calme sur l’outrage, cette cruelle blessure qui dévorait son âme, il aurait fini sans doute par la voir avec indifférence. Que le moderne duelliste contemple Thémistocle, le plus vaillant des Grecs, lorsque, pour toute réponse à ses objections, Eurybiade, son général, lève sur lui la canne d’un air menaçant ! quelle dignité dans la réponse : Frappe, mais écoute !
» Un homme d’un vrai discernement ne pourrait-il pas, dans un cas semblable, dire avec avantage à son brutal agresseur : « Lorsque je tiens à honneur de savoir endurer la peine et l’infortune,