il ne fit qu’ajouter à l’embarras de ma position. Jusque-là je n’avais eu aucune relation avec le monde et avec ses passions ; et, quoique je les connusse un peu telles qu’elles sont dépeintes dans les livres, je sentais que cette connaissance m’était d’un bien faible secours quand je me trouvais en présence avec elles. Quel changement depuis que j’avais le sujet de ces passions placé continuellement sous mes yeux, et que les événements qui m’occupaient étaient arrivés hier, pour ainsi dire, dans le lieu même que j’habitais ! Il y avait dans le récit que je venais d’entendre une marche suivie et progressive qui n’avait pas le moindre rapport avec tous les petits incidents de la vie dont j’avais été témoin jusqu’alors. Je m’étais senti successivement intéressé pour les différents personnages qui avaient paru sur la scène. J’éprouvais de la vénération pour M. Clare ; j’applaudissais à la noble intrépidité de Mrs. Hammond. Je ne pouvais concevoir sans étonnement qu’il eût existé une créature humaine aussi horriblement perverse que M. Tyrrel. Je ne pus refuser un tribut de larmes à la mémoire de l’innocente miss Melville. Enfin, je trouvais mille nouveaux motifs d’aimer et d’admirer mon maître.
Dans le premier moment, je ne fis que regarder chacun des événements de cette histoire du côté le plus simple et le plus apparent ; mais cette histoire ne sortait pas un instant de ma pensée, et je mettais un degré d’intérêt particulier à la bien comprendre dans son ensemble et dans chacune de ses parties. Je la tournai et retournai mille fois dans ma tête en