sa propre vie. Voyez-le donnant tout ce qu’il possédait quand il partit pour sa grande expédition, et ne se réservant autre chose, disait-il, que l’espérance. Rappelez-vous sa confiance héroïque dans Philippe, son médecin ; son amitié inaltérable et sans réserve pour Ephestion. Il traita la famille captive de Darius avec la plus douce affabilité, et la vénérable Sisygambis avec tous les égards et la tendresse d’un fils envers sa mère. Sur un pareil sujet, Williams, ne vous en rapportez jamais au jugement d’un pédant d’Église, comme le docteur Prideaux, ou d’un juge de paix de Westminster, comme Fielding. Examinez par vous-même, et vous trouverez dans Alexandre un parfait modèle d’honneur, de désintéressement et de générosité. Vous y verrez un homme qui, par l’élévation de son âme et la grandeur de ses desseins, était fait pour rester seul l’objet de l’étonnement et de l’admiration de tous les siècles.
— Ah ! monsieur, il nous est bien aisé, à nous qui sommes ici fort tranquillement assis, de faire son panégyrique. Mais voulez-vous aussi que j’oublie à quel effroyable prix a été érigé le monument de sa renommée ? Ne fut-il pas le perturbateur du repos de l’espèce humaine ? N’a-t-il pas bouleversé des nations entières qui n’auraient jamais entendu parler de lui, sans ses dévastations ? Combien de milliers de vies il a sacrifiées dans sa carrière ! Que de choses à dire sur sa cruauté ! Toute une nation massacrée pour un crime commis par ses ancêtres cent cinquante ans auparavant ; cinquante mille hommes vendus comme esclaves ; deux mille mis en croix