Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cela, ce calme ne paraissait pas être le résultat d’une satisfaction intérieure, mais plutôt l’effort d’un homme qui, se préparant pour une scène importante, s’arrange d’avance pour rester toujours maître de soi et ne rien perdre de sa présence d’esprit.

« Williams, me dit-il, je suis déterminé, quelque chose qu’il puisse m’en coûter, à avoir avec vous une explication. Vous êtes un garçon fort indiscret et fort inconsidéré ; vous m’avez contrarié sérieusement : vous auriez dû sentir que, si je vous laisse causer avec moi sur des matières indifférentes, il est bien peu convenable à vous d’amener la conversation à rien qui puisse avoir trait à mes intérêts personnels. Dernièrement, vous m’avez dit plusieurs choses d’une manière très-mystérieuse et qui annonce que vous en savez plus que je ne présumais. Je serais aussi embarrassé de dire comment ce que vous savez a pu venir à votre connaissance que de deviner en quoi cela consiste. Mais je crois voir en vous beaucoup trop de disposition à vous jouer de ma tranquillité ; c’est ce qui ne devrait pas être, et je n’ai pas mérité un pareil procédé de votre part. Mais, quoi qu’il en soit, il est trop pénible pour moi de me voir ainsi obligé d’être continuellement avec vous sur le qui-vive ; c’est une sorte de petite guerre que vous faites à ma sensibilité et que je suis très-résolu de faire cesser. J’attends donc de vous que vous mettiez de côté tout mystère et toute équivoque, et que vous m’expliquiez franchement sur quoi vous fondez vos perpétuelles allusions. Que savez-vous ? Que cherchez-vous à savoir ? Je n’ai déjà été que trop exposé à des morti-