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Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/227

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coup d’une telle importance au bonheur d’un des hommes les plus éclairés et les plus accomplis de l’Angleterre ; mais ce sentiment m’attacha à mon maître plus vivement que jamais, et je jurai mille fois, en méditant sur ma situation, de ne jamais me montrer indigne d’un aussi généreux protecteur.


XVI


N’est-il pas inconcevable qu’au milieu de ce redoublement de vénération pour mon maître, les premiers élans de mon émotion furent à peine calmés que je sentis revenir à ma pensée ce premier doute qui avait excité mes conjectures : Serait-il l’assassin ? Il y avait dans ma fatale destinée quelque chose qui m’entraînait à ma perte malgré moi. Je ne m’étonnais pas du trouble qu’éprouvait M. Falkland à toute allusion, quelque éloignée qu’elle fût, qui rappelait sa cruelle affaire. Son excessive sensibilité sur l’article de l’honneur expliquait ce trouble aussi complétement qu’eût pu le faire la supposition d’un crime atroce. Sachant que son nom avait été une fois souillé par une imputation aussi odieuse, il était naturel qu’il fût dans une gêne continuelle, et prêt à la moindre occasion à soupçonner quelque reproche indirect. Auprès de tout homme avec lequel