cœur et ma bouche est fermé pour jamais. Je n’ai pas besoin de pitié, je ne désire pas de consolation : environné d’horreurs comme je le suis, je saurai conserver jusqu’au bout la force de l’âme. Si j’eusse été réservé à d’autres destinées, j’avais des qualités faites pour soutenir une meilleure cause. Je puis être insensé, misérable, frénétique ; mais même au milieu de mon délire je sais conserver ma présence d’esprit et ma prudence. »
Tel était le fond de cette histoire que j’avais tant désiré connaître ; quoique pendant des mois entiers ce mystère eût été l’objet de toutes mes méditations, il n’y avait pas ici une syllabe qui ne fût venue à mon oreille avec toute la force de la nouveauté. « M. Falkland est un assassin ! me disais-je en sortant de cette conférence. (Cet effroyable nom d’assassin me glaçait le sang dans les veines.) Il a tué M. Tyrrel parce qu’il n’a pu se rendre maître de son ressentiment et de sa colère ; il a sacrifié les deux Hawkins, le père et le fils, parce qu’il n’a pu supporter, à quelque prix que ce fût, de perdre publiquement l’honneur ; comment me serait-il possible d’espérer de n’être pas tôt ou tard la victime d’un homme aussi emporté et aussi inexorable dans ses passions ? »
Mais, malgré cette conclusion effrayante (conclusion qui contribue peut-être, de près ou de loin, pour les neuf dixièmes, à l’horreur que le vice inspire aux hommes), je ne pouvais m’empêcher de revenir de temps en temps à des réflexions d’une nature tout opposée. « M. Falkland est un assassin !