Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’étais comporté avec énergie. À mesure que je m’affermis dans cette détermination, je négligeai les petites attaques, afin de recueillir toutes mes forces, sentant la nécessité d’agir avec réflexion et avec une combinaison de mesures. Je composais sans cesse dans ma tête des plans pour ma délivrance ; mais je voulais surtout ne pas me décider sur le choix avec précipitation.

J’étais dans cet état d’irrésolution et d’incertitude quand M. Forester mit fin à son séjour. Il s’aperçut d’un changement étrange dans ma conduite à son égard, et il m’en fit des reproches avec sa manière franche et ouverte. Je ne lui répondis que par un coup d’œil morne et mystérieux, par un silence aussi triste qu’expressif. Il tenta de s’en expliquer avec moi ; mais je mettais autant de soin à l’éviter que j’avais mis auparavant d’empressement à le chercher ; et, comme il me l’a dit depuis, il nous quitta frappé de l’idée qu’il y avait une mauvaise destinée attachée à notre maison, qui rendait malheureux tous ceux qui l’habitaient, sans qu’il fût possible à aucun observateur d’en pénétrer la cause.


XX


M. Forester nous avait quittés depuis trois semaines environ, lorsque M. Falkland m’envoya pour affaires à une terre qu’il possédait dans le