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Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/272

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comté voisin, à une cinquantaine de milles de sa résidence principale. La route conduisait dans une direction fort éloignée de la demeure de M. Forester. Je revenais de l’endroit où l’on m’avait envoyé, quand je me mis à repasser dans mon imagination toutes les circonstances de ma position actuelle, et, enseveli dans ces profondes méditations, je vins à perdre toute idée des objets qui m’environnaient. La première résolution à laquelle je m’arrêtai, ce fut d’échapper à la jalousie clairvoyante et au despotisme insupportable de M. Falkland ; la seconde fut de mettre toute la prudence et la réflexion possibles pour me prémunir contre les dangers dont je prévoyais que ma tentative serait accompagnée.

Préoccupé de ces sujets de méditation, je me laissai conduire par mon cheval pendant un espace de plusieurs milles avant de m’apercevoir que je m’étais tout à fait écarté de ma route. À la fin je revins à moi, et j’examinai tout ce qui m’entourait ; mais je ne découvris aucun objet propre à me remettre sur la voie. De trois côtés je voyais la plaine s’étendre aussi loin que l’œil pouvait atteindre, et devant moi j’aperçus à quelque distance un bois assez considérable. À peine y avait-il une seule trace qui témoignât que cet endroit eût été fréquenté par une créature humaine. Le meilleur expédient qui se présenta à mon incertitude, ce fut de diriger mes pas vers le bois dont j’ai parlé, et ensuite de suivre du mieux que je pourrais les sinuosités de l’enclos. Par là je me trouvai, au bout de quelque temps, à l’extrémité