Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/273

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de la plaine ; mais je n’en étais pas moins embarrassé de savoir quelle route je devais choisir. Un ciel gris et nébuleux me dérobait le soleil ; j’eus l’idée de longer toujours la lisière du bois, et je franchis avec quelques difficultés les haies et les autres obstacles qui se présentaient de temps en temps sur mon passage. J’étais morne et abattu ; la tristesse du temps et la solitude qui m’environnaient influèrent sur la situation de mon âme. J’avais déjà fait beaucoup de chemin, et je me sentais accablé de faim et de fatigue, quand je vins à découvrir une petite auberge à peu de distance. Je poussai jusque-là, et, après quelques informations prises, je trouvai qu’au lieu de suivre ma véritable route j’en avais pris une qui me conduisait plutôt à la demeure de M. Forester qu’à la nôtre. Je mis pied à terre, et j’allais entrer dans l’auberge, quand M. Forester lui-même s’offrit à ma vue.

Il m’aborda amicalement, m’invita à entrer avec lui dans la chambre qu’il venait de quitter, et s’informa du hasard qui m’avait amené dans cet endroit. Tandis qu’il me parlait, je ne pus m’empêcher de penser à la singularité des circonstances qui nous rapprochaient encore une fois, ce qui me suggéra une foule d’autres idées. M. Forester me fit apporter quelques rafraîchissements, et je m’assis. Pendant tout ce temps, une pensée me revenait toujours à l’esprit : « M. Falkland ne saura jamais rien de cette rencontre ; voici une occasion qui se présente à moi ; et si je n’en profitais pas, je mériterais tout ce qui pourrait m’en arriver. Je puis conférer avec