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Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/29

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jeunes gens de qualité se divisent en deux classes : ceux qui tiennent à la pureté des principes des anciens preux, et ceux qui, non moins chatouilleux sur le point d’honneur, ont à leur solde des bravi qu’ils emploient pour le moindre affront comme instruments de leurs vengeances. Ils ne varient, comme on voit, que dans la manière d’appliquer une règle généralement adoptée parmi eux. Le noble italien le plus généreux n’en pensera pas moins qu’il y a certaines personnes avec lesquelles on ne saurait se mesurer sans déshonneur. Or, comme, suivant lui, un outrage ne peut se laver que dans le sang, il est convaincu qu’auprès de la réparation due à son honneur offensé, la vie d’un homme n’est qu’une bagatelle. Il y a donc peu d’Italiens qui, dans certaines circonstances, se fissent scrupule d’un assassinat. Les nobles cœurs ne peuvent, malgré les préjugés de leur éducation, se défendre de sentir la bassesse d’une pareille lutte, et ils désirent étendre aussi loin que possible le cartel de l’honneur. Les autres, par une arrogance réelle ou affectée, s’accoutument à regarder tous les autres hommes comme d’une nature inférieure ; et ce sentiment les porte, par une conséquence toute simple, à satisfaire leur vengeance sans exposer leur personne. M. Falkland eut affaire avec quelques-uns de ces derniers ; mais il trouva dans la résolution et l’intrépidité de son caractère des ressources pour sortir avec avantage de rencontres aussi périlleuses. Je ne citerai qu’un exemple, entre beaucoup d’autres, de sa manière de se conduire au milieu d’un monde aussi fier et