aussi impétueux. M. Falkland est le principal agent de l’histoire de mes malheurs, et il n’est pas possible de bien comprendre M. Falkland tel que je l’ai trouvé, dans son automne et dans le déclin de sa vigueur, sans avoir une connaissance parfaite de son caractère avant cette époque, lorsque, encore dans le feu de sa jeunesse, il n’avait pas essuyé lui-même les coups de l’adversité, et que les angoisses de la douleur ou du remords n’avaient pas brisé les ressorts de son âme.
Il fut reçu avec une distinction particulière à Rome, dans la maison du marquis Pisani, qui n’avait qu’une fille héritière de son immense fortune, et l’objet de l’admiration de toute la jeune noblesse de cette métropole du monde chrétien. Lucretia Pisani était grande, remplie de grâces, de dignité, et extraordinairement belle. Elle ne manquait pas de qualités aimables, mais elle était d’un caractère hautain, sujette à prendre souvent des airs fiers et dédaigneux. Ses charmes, son rang et l’adoration qui la suivaient partout nourrissaient son orgueil.
Parmi la foule de ses adorateurs, le comte Malvesi était celui que le père de Lucretia favorisait davantage, et sa fille ne l’écoutait pas avec indifférence. Le comte était un homme distingué en tous points, d’une grande intégrité et d’une humeur naturellement douce. Mais il aimait trop ardemment pour pouvoir conserver toujours l’affabilité de son caractère. Tous ces admirateurs dont les vœux flattaient sa belle maîtresse étaient pour lui un supplice perpétuel. Plaçant tout son bonheur dans la possession de cette