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Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/291

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je désirasse aussi ardemment que d’anéantir tout moyen de communication entre nous pour l’avenir, de manière qu’il ne sût pas même si j’existais encore, et que de mon côté je n’entendisse pas seulement prononcer un nom si fatal à mon repos.

Dans l’état où étaient mes affaires, je sentis que la frugalité n’était pas une vertu à négliger, hors d’état, comme je l’étais, de prévoir les retards ou les obstacles qui pourraient contrarier mes projets quand une fois je serais arrivé à Londres. Pour cette raison et pour d’autres encore, je crus devoir persister dans mon premier plan de voyager par la diligence ; la seule chose qui me restait à régler, c’était de savoir comment je m’arrangerais pour qu’un délai de vingt-quatre heures ne devînt pas pour moi, par quelque fâcheuse rencontre, une nouvelle source de calamités. Il n’était nullement prudent de passer tout ce temps au village où je me trouvais ; il ne me semblait même pas à propos de l’employer à continuer mon chemin à pied sur la grande route. En conséquence, je me décidai à faire un circuit, dont la direction semblait d’abord s’écarter beaucoup de l’itinéraire que je projetais, mais qui, me jetant tout d’un coup dans un autre chemin de traverse, me ferait gagner, à la chute du jour, une ville de marché plus voisine de douze milles de la capitale.

Après avoir ainsi fait mon arrangement pour la journée, et m’être bien convaincu que c’était le plus convenable pour la circonstance, je chassai de mon esprit toutes mes inquiétudes, et je me laissai aller