rations d’un jeune cœur et d’un sens droit, sans songer le moins du monde à se faire remarquer ou admirer.
La mort de sa tante apporta très-peu de changement à sa situation. Cette dame prudente, qui aurait presque eu peur de commettre un sacrilége si elle eût regardé miss Melville comme un rejeton de la souche des Tyrrel, ne fit pas d’autre mention d’elle dans son testament que de la porter simplement pour une somme de cent livres sterling à l’article des legs des domestiques. Émilie n’avait jamais été admise dans l’intimité et la confidence de Mrs. Tyrrel ; le jeune squire, sous la protection duquel elle passait, semblait disposé à la traiter même avec plus d’égards que n’avait fait sa mère. Il l’avait vue croître sous ses yeux, et, quoiqu’il n’y eût guère que six ans de différence entre les cousins, il avait pris une sorte d’intérêt paternel à son sort. L’habitude la lui avait rendue comme nécessaire, et, dans tous les intervalles de la chasse et de la table, il se trouvait isolé et triste quand la compagnie de miss Melville lui manquait. Toutefois, la parenté qui les unissait et le peu de beauté d’Émilie empêchaient qu’il eût jamais pensé à jeter sur elle un regard de désir. Les talents qu’elle avait étaient du genre le plus ordinaire et le plus superficiel ; c’était la danse et la musique. Les dispositions qu’elle montrait pour le premier de ces talents avaient engagé M. Tyrrel à lui donner quelquefois la place vacante dans son carrosse quand il allait à l’assemblée du canton ; car, sous quelque point de vue qu’il jugeât à propos de