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Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/98

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comme celle-ci j’ai droit d’avoir ma volonté, et l’on ne punit pas les gens de faire ce qu’ils ont droit de faire.

— Oui, cela ne devrait pas être, ma chère enfant, mais il y a des hommes bien méchants et bien tyrans dans le monde.

— À la bonne heure, mais je ne croirai jamais que mon cousin soit un de ces hommes-là.

— Je l’espère comme vous.

— Et puis, quand cela serait. Eh bien, certainement je serais très-fâchée de lui faire de la peine.

— Eh quoi ! ma pauvre enfant, ma chère Émilie irait errer sans asile et sans pain ! Est-ce que vous croyez que j’aurais le courage de voir de pareilles choses ?

— Non, non ; M. Tyrrel vient de me dire que j’avais cent livres sterling. Et, quand je n’aurais aucune fortune, n’y a-t-il pas des milliers d’individus qui sont dans le même cas ? Pourquoi tant me chagriner d’une chose qu’ils supportent bien et qui ne les rend pas plus tristes ? Ne vous tourmentez pas, maman ; je suis résolue à tout faire plutôt que d’épouser jamais Grimes : mon parti est bien pris.

Mrs. Jakeman ne put soutenir l’état pénible d’incertitude où l’avait jetée cette conversation ; et, pour voir ses doutes résolus, elle alla sur-le-champ trouver son maître. La manière dont elle le questionna indiquait assez l’opinion qu’elle s’était faite sur ce projet de mariage.

« Cela est vrai, dit M. Tyrrel, j’avais à vous parler là-dessus. Cette petite fille s’est fourré dans la