Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/112

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avoir paru quelques minutes absorbé dans ses pensées, « je sens que je vais mourir ; c’est un étrange mal que le mien. Hier je paraissais être en parfaite santé, et demain je serai une masse insensible. Que la ligne qui sépare la vie et la mort des misérables humains est surprenante à observer ! Être à présent actif, gai, pénétrant, doué d’un immense fond de connaissances, capable d’amuser les hommes, de les instruire et de les animer, et le moment d’après n’être plus qu’une matière dépourvue de vie et de mouvement, un poids inutile sur la surface de la terre : voilà l’histoire de bien des hommes, et ce sera tout-à-l’heure la mienne » .

« Je me sentais encore comme si j’avais eu beaucoup de choses à faire au monde ; mais cela ne sera pas. Il faut se contenter de ce qui est fait : c’est vainement que je rappèle tous mes esprits autour de moi. L’ennemi est