Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/160

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sans mesure de l’avantage que le hasard nous a donné. Les pauvres misérables ! au point où est la machine, ils sont pressés au-delà de ce qu’ils peuvent réellement supporter ; et si nous avons la barbarie de vouloir serrer encore un tour de plus, ils seront moulus en poussière »

Ce tableau ne fut pas absolument sans effet sur le cœur endurci de M. Tyrrel.

— « Fort bien, monsieur, je ne suis pas un tyran ; je sais fort bien que c’est une vilaine chose que la tyrannie. Mais voulez-vous inférer de ceci que ces gens-là seront les maîtres de faire tout ce qui leur plaira, et qu’on ne pourra pas les traiter comme ils le méritent ? »

— « M. Tyrrel, je vois que votre animosité commence un peu à fléchir. Permettez que j’invoque en vous ce sentiment de bienveillance auquel votre ame vient de s’ouvrir ; allons ensemble chez Hawkins. Ne parlons