Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/171

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perdu son expression. Quoiqu’elle ne fut pas belle, elle avait pourtant quelque chose de singulièrement intéressant. Sa figure respirait à-la-fois la santé et la sensibilité ; ses longs sourcils noirs se pliaient avec facilité aux divers mouvemens de son ame, et ses regards portaient à-la-fois l’empreinte d’un discernement actif et d’une bonne humeur franche et naïve. L’instruction qu’elle avait reçue étant le fruit du hasard et des circonstances, l’avait bien exemptée des défauts qu’entraîne l’ignorance, mais non pas de cette sorte d’ingénuité naturelle qui annonce une ame incapable de songer au mal ou d’en soupçonner dans les autres. Elle amusait, sans paraître penser à la finesse et à la justesse de ses observations ; ou plutôt n’ayant jamais été gâtée par des éloges, elle brillait de son éclat naturel, et parlait de l’abondance pure et animée d’un jeune cœur, sur les fonds qu’avait amassés un jugement droit et