Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/29

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vaient aucun attrait pour lui ; il évitait le bruit des sociétés, et ne paraissait pas chercher un dédommagement de ces privations dans les épanchemens de l’amitié. Il semblait absolument étranger à tout ce qu’on nomme communément les plaisirs de la vie. À peine le voyait-on quelquefois sourire, et cette teinte de mélancolie qui annonçait la situation malheureuse de son ame, ne l’abandonnait pas un seul instant. Cependant, le fond de son caractère ne paraissait pas porté à la morosité et à la misantropie. Il était compatissant et rempli d’égards pour les autres, sans jamais sortir cependant de son maintien froid et réservé. Son extérieur et sa conduite étaient faits pour intéresser vivement tout le monde en sa faveur ; mais les démonstrations de tendresse qu’on aurait été tenté de lui faire semblaient repoussées par le peu d’ouverture de son accueil et la difficulté de pénétrer ses sentimens.