Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/52

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qu’un duel pouvait avoir, dans la circonstance. Quoiqu’il n’eût pour Lucrèce aucun sentiment d’amour, il avait conçu pour elle une très-haute estime, et il savait d’ailleurs que malgré tous les déguisemens de sa fierté, elle avait au fond du cœur de la tendresse pour le comte. Il ne pouvait soutenir l’idée d’avoir, par une indiscrétion dans sa conduite, porté atteinte au bonheur d’un couple aussi bien assorti. Pressé par ces sentimens, il essaya d’entrer en explication, mais tous ses efforts furent inutiles. Son adversaire était ivre de colère, et ne voulait pas écouter le moindre mot qui pût arrêter l’impétuosité qui le dominait. Il traversait la chambre à grands pas et en écumant de rage. M. Falkland voyant qu’il n’était pas possible de le détromper, dit au comte que s’il voulait revenir demain à la même heure, il l’accompagnerait au lieu qu’il jugerait à propos de choisir.

En quittant Malvesi, M. Falkland