Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/54

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recevoir, et le pria d’entrer un moment dans la maison où il avait une affaire de quelques minutes à terminer. Ils passèrent dans le sallon. M. Falkland y laissa le comte, et l’instant d’après il reparut, tenant par la main la belle Lucrèce elle-même, parée de tous ses charmes, que relevait encore en ce moment l’air d’élévation et de triomphe d’une femme généreuse qui veut bien faire grâce. M. Falkland la conduisit vers le comte, qui était pétrifié d’étonnement ; pour elle, posant sa main sur le bras de son amant, elle lui dit, du ton le plus aimable et le plus enchanteur : Me pardonnerez-vous le petit mouvement de fierté auquel je me suis laissée emporter ? le comte, transporté, croyant à peine ses yeux et ses oreilles, se précipita à ses genoux, et balbutia quelques mots qui voulaient dire que lui seul avait un pardon à implorer, et que quand même elle aurait la bonté de lui faire grâce, il ne se pardonnerait jamais