Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/156

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il est là aussi, jamais je ne puis prier, et cela me ronge le cœur ; cela doit te faire le même effet, Henri !

FAUST.

Tu as donc des antipathies ?

MARGUERITE.

Je dois me retirer.

FAUST.

Ah ! ne pourrai-je jamais reposer une seule heure contre ton sein… presser mon cœur contre ton cœur, et mêler mon âme à ton âme ?

MARGUERITE.

Si seulement je couchais seule, je laisserais volontiers ce soir les verrous ouverts ; mais ma mère ne dort point profondément, et, si elle nous surprenait, je tomberais morte à l’instant.

FAUST.

Mon ange, cela n’arrivera point. Voici un petit flacon ; deux gouttes seulement versées dans sa boisson l’endormiront aisément d’un profond sommeil.

MARGUERITE.

Que ne fais-je pas pour toi ! Il n’y a rien là qui puisse lui faire mal ?

FAUST.

Sans cela, te le conseillerais-je, ma bien-aimée ?

MARGUERITE.

Quand je te vois, mon cher ami, je ne sais quoi m’oblige à ne te rien refuser ; et j’ai déjà tant fait pour toi, qu’il ne me reste presque plus rien à faire.

Elle sort.
MÉPHISTOPHÉLÈS.

(entre)

La brebis est-elle partie ?

FAUST.

Tu as encore espionné ?