Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/159

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LISETTE.

Il serait bien fou ; un garçon dispos a bien assez d’air autre part. Il a pris sa volée…

MARGUERITE.

Ce n’est pas bien.

LISETTE.

Le rattrapât-elle encore, cela ne ferait rien ! Les garçons lui arracheront sa couronne, et nous répandrons devant sa porte de la paille hachée.

MARGUERITE, retournant à la maison.

Comment pouvais-je donc médire si hardiment quand une pauvre fille avait le malheur de faillir ? Comment se faisait-il que, pour les péchés des autres, ma langue ne trouvât pas de termes assez forts ! Si noir que cela me parût, je le noircissais encore. Cela ne l’était jamais assez pour moi, et je faisais tout aussi grand que possible ; et je suis maintenant le péché même ! Cependant,… tout m’y entraîna. Mon Dieu ! il était si bon ! Hélas ! il était si aimable !




Les remparts. — Dans un creux du mur, l’image de la Mater dolorosa, des pots de fleurs devant.


MARGUERITE apporte un pot de fleurs.

Abaisse, ô mère de douleurs ! un regard de pitié sur ma peine !

Le glaive dans le cœur, tu contemples avec mille angoisses la mort cruelle de ton fils !

Tes yeux se tournent vers son père ; et tes soupirs lui demandent de vous secourir tous les deux !

Qui sentira, qui souffrira le mal qui déchire mon sein ? l’inquiétude de mon pauvre cœur, ce qu’il craint, et ce qu’il espère ? Toi seule, hélas ! peux le savoir !

En quelque endroit que j’aille, c’est une amère, hélas ! bien amère douleur que je traîne avec moi !

Je suis à peine seule, que je pleure, je pleure, je pleure ! et mon cœur se brise en mon sein !