Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


MÉPHISTOPHÉLÈS, relevant Faust et le chargeant sur ses épaules.

Voilà ce que c’est ; se charger d’un tel fou, c’est de quoi arriver à mal, fût-on le diable lui-même !

Ténèbres, tumulte.




La chambre d’étude du docteur Faust.


Méphistophélès a reporté le docteur Faut dans son ancienne demeure, il l’a couché sur le lit de ses pères ; et, pendant que son corps endormi repose, le diable retrouve tout en place, tel qu’ils l’ont laissé, jusqu’à la plume même qui a servi au pacte, et où brille encore le reste de la goutte de sang tirée aux veines du docteur.

— C’est une pièce rare, et qui se vendra cher aux antiquaires, dit Méphistophélès.

Un chœur d’insectes salue le maître, et court, bourdonne et danse autour de lui ; la vieille fourrure de la robe doctorale bruit de ces chants légers. Méphistophélès revêt encore une fois ce costume, et voit la cloche pour appeler les gens de la maison. Un serviteur arrive, et s’effraye de voir cet hôte inattendu. — Méphistophélès le reconnaît.

— Vous vous appelez Nicomède ? lui dit-il.

— Vous me connaissez ?

— Je vous reconnais ; vous avez vieilli beaucoup, et vous êtes étudiant encore, respectable sire !…

Le vieil étudiant a passé au service du docteur Vagner, qui se livre à de graves expériences de chimie transcendante. Un bachelier entre à son tour la tête haute et fier de son nouveau grade. Il parle et raisonne sur tout, et prétend argumenter contre le diable lui-même, qu’il trouve arriéré, suranné et sentant la vieille école. On reconnaît dans ce fier personnage l’humble étudiant de la première partie.

La scène se passe ensuite au laboratoire de Vagner, qui, las de la chimie et de la physique expérimentale, a imaginé de dérober le secret de la Création. À force de com-