Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/322

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général, et, comme le latin, ne sortit plus de l’enceinte des cours et des couvents. Le saxon ou bas germain plaisait davantage au peuple, et c’est en saxon que furent composées les premières poésies vraiment nationales de l’Allemagne.

Leur succès était tel, que Charlemagne s’en effraya. Ces chants, tout empreints du patriotisme et de la mythologie des vieux peuples du Nord, apportaient un grand obstacle aux progrès de sa domination et de la religion chrétienne qu’il voulait leur imposer. Aussi furent-ils sévèrement défendus après la conquête, et ceux particulièrement que ces peuples avaient l’usage d’entonner sur la tombe de leurs parents.

Cette proscription dura encore même après la chute de l’empire de Charlemagne, parce que les ecclésiastiques craignaient aussi l’influence des idées superstitieuses qui régnaient dans ces chants, qu’ils nommaient « poésies diaboliques » (carmina diabolica). Pendant plusieurs siècles, les vers latins furent donc seuls permis et encouragés ; de sorte que les peuples ne participaient plus aux grandes inspirations de la poésie.

Ce fut à l’époque des croisades que le vers reparut dans la langue vulgaire. On retrouve là une période analogue à celle de nos troubadours, et ces poëmes composés pour les cours et pour les châteaux n’arrivaient guère non plus jusqu’à la foule, qui commença dès lors à avoir ses poëtes et ses narrateurs grossiers, parmi lesquels Hans Sachs, le cordonnier, a seul laissé un nom célèbre.

On ne sait trop comment classer le poëme des Niebelungen (Livre des héros), dont on ignore les auteurs, mais qui, versifié vers le xive siècle, doit remonter beaucoup plus haut comme invention. Il en est de même pour nous des romans de chevalerie du cycle d’Artus et du cycle de Charlemagne, qui furent refaits et retraduits de siècle en siècle, sans qu’on puisse davantage indiquer clairement la source et l’époque de leur composition.

Le poëme des Niebelungen se rapporte aussi aux premiers temps semi-fabuleux de la chevalerie. Le sujet n’en