Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/323

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est pas moins grand que celui de l’Iliade, auquel on l’a si souvent comparé. La peinture et la sculpture allemandes tirent encore aujourd’hui des récits de ce poëme leurs plus belles inspirations, et le sentiment de l’unité nationale s’y retrempe toujours avec orgueil.

Les minnesinger ou maîtres chanteurs perfectionnèrent la poésie chevaleresque, et parvinrent même à la populariser autant que possible, par les ressources et les efforts de leur institution semi-religieuse, semi-féodale. Ces compagnons, la plupart pauvres, mais d’illustre naissance, ainsi que nos trouvères, parcouraient les châteaux et les villes, et luttaient devant tous dans les fêtes publiques, comme les poëtes de l’antiquité.

C’est le dialecte souabe qui prédomine dans leurs ouvrages ; langue molle et doucereuse, parfaitement adaptée à leurs sujets chevaleresques, galants et parfois satiriques. On ne peut donner au juste la date de la décadence de cette poésie, qui n’a fait briller aucun nom, et n’a laissé aucun monument digne de souvenir.

À partir de la Réforme, l’imagination des Allemands se tourna trop complètement vers les idées théologiques et philosophiques pour que la poésie prît une grande place. Luther ne la trouva bonne qu’à rimer des cantiques sacrés. D’ailleurs, le dialecte souabe allait mourir sous sa traduction de la Bible. Luther créa le nouvel allemand, celui de nos jours ; le Nord triompha du Midi, et, les anciennes cordes se refusant à vibrer, il fallut en attacher de nouvelles.

Peu à peu la poésie lyrique se releva sous une autre forme, mais elle ne fut longtemps qu’un pâle écho des autres littératures. Mathisson, Ramler, Blumaüer et Rabener le satiriste entonnèrent tour à tour des chants épiques, lyriques et didactiques ; Gleim composait des fables ; Opitz, Gottehed et Bodmer brillèrent aussi dans cette école semi-française du xviiie siècle.

Klopstock commence une ère nouvelle, et entame, ainsi, que nous l’avons dit, la série des poëtes modernes. Comme versificateur, il tenta de créer une nouvelle lyrique à la