Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/331

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Egmont, le Tasse, etc., pour trouver des oreilles attentives. En rendre compte n’entre pas dans notre plan ; et cependant nous n’aurions pas autre chose à faire si nous voulions donner ici la vie de Gœthe ; car elle ne se compose que d’événements très-simples, et qui dépendent tous de la publication de ses ouvrages. En 1775, les premiers lui avaient concilié l’amitié du duc de Saxe-Veimar ; aussitôt après son avènement, ce prince l’appela auprès de lui, et en fit son premier ministre. Depuis cette époque, Gœthe demeura toujours à Veimar, partageant son temps entre les affaires publiques et ses travaux littéraires, et fit de cette petite ville l’Athènes de l’Allemagne. Là se réunirent Schiller, Herder, les deux Schlegel, Stolberg, Bardt, Bœttiger ; glorieux rivaux, poétique cénacle où descendait le souffle divin, où s’élaborait pour l’Allemagne un siècle de grandeur et de lumières.

Gœthe, né à Francfort-sur-le-Mein, en 1749, est mort en 1833, un an après la mort de son fils, et en laissant plusieurs volumes d’œuvres posthumes. La seconde partie de Faust est le dernier ouvrage auquel il travailla. Il s’éteignit comme son héros, en rêvant encore des prodiges de travail et d’action.

Si nous voulons maintenant apprécier le mouvement littéraire de son époque, il nous faut remonter au moment où son école et celle de Schiller partageaient la littérature en deux camps égaux. Uhland fut le premier qui essaya de se frayer encore une nouvelle voie. Né en Souabe, il chercha à réveiller l’antique écho de la poésie des trouvères de Souabe, et, parti de l’imitation de Gœthe, il étendit loin le nouveau domaine. Un chevalier amoureux, un cloître, un tintement de cloche, un roi aveugle et vaillant, le troubadour lui-même : voilà ses héros. De temps à autre, il prend un thème moderne, et le revêt de la forme romanesque du moyen âge, comme dans Marie la Faucheuse ; mais même ses chants joyeux, ses chants de table et de joie, sentent le moyen âge. Il n’y a rien de moderne en lui que ses poésies politiques, en sa qualité de député de Wurtemberg, et celles-ci sont, de l’avis de