jours entiers : oh ! laissez-moi pleurer la nuit, aussi longtemps que je pourrai pleurer ! »
Qui voyage si tard par la nuit et le vent ? C’est le père et son fils, petit enfant qu’il serre dans ses bras pour le garantir de l’humidité et le tenir bien chaudement.
« Mon enfant, qu’as-tu à cacher ton visage avec tant d’inquiétude ? — Papa, ne vois-tu pas le roi des Aulnes ?… le roi des Aulnes, avec sa couronne et sa queue ? — Rien, mon fils, qu’une ligne de brouillard. »
— « Viens, charmant enfant, viens avec moi… À quels beaux jeux nous jouerons ensemble ; il y a de bien jolies fleurs sur les bords du ruisseau, et, chez ma mère, des habits tout brodés d’or ! » —
« Mon père, mon père, entends-tu ce que le roi des Aulnes me promet tout bas ? — Sois tranquille, enfant, sois tranquille ; c’est le vent qui murmure parmi les feuilles séchées. »
— « Beau petit, viens avec moi ! mes filles t’attendent déjà : elles dansent la nuit, mes filles ; elles te caresseront, joueront et chanteront avec toi. » —
« Mon père, mon père, ne vois-tu pas les filles du roi des Aulnes, là-bas où il fait sombre ? — Mon fils, je vois ce que tu veux dire… Je vois les vieux saules, qui sont tout gris ! »
— « Je t’aime, petit enfant ; ta figure me charme ; viens avec moi de bonne volonté, ou de force je t’entraîne. » —
« Mon père ! mon père ! il me saisit, il m’a blessé, le roi des Aulnes ! »
Le père frissonne, il précipite sa marche, serre contre lui son fils, qui respire péniblement, atteint enfin sa demeure… L’enfant était mort dans ses bras.