Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/346

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— Écoute les paroles des prêtres : celui-ci n’était point ton époux ; tu es une bayadère, et n’as point de devoirs à remplir. L’ombre seule accompagne le corps au dernier séjour ; l’épouse seule y suit l’époux ; c’est à la fois son devoir et sa gloire. Sonnez, trompettes, accompagnez le chant sacré. — Recevez, ô dieux, l’ornement de la terre, et que les flammes s’élèvent jusqu’à vous ! »

Ainsi les prêtres demeurent sourds à ses prières ; mais, les bras étendus, elle se jette dans cette mort éclatante. Tout à coup le jeune dieu se relève du sein de la flamme, embrasse celle qui l’aimait si tendrement, et l’emporte au ciel avec lui. Ainsi les dieux se réjouissent du repentir, et accordent le bonheur éternel aux coupables que la douleur a purifiés.



LE VOYAGEUR


LE VOYAGEUR.

Dieu te bénisse, jeune femme, ainsi que l’enfant que nourrit ton sein ! Laisse-moi, sur ces rochers, à l’ombre de ces ormes, déposer mon fardeau, et me délasser près de toi.

LA FEMME.

Quel motif te fait, pendant la chaleur du jour, parcourir ce sentier poudreux ? Apportes-tu des marchandises de la ville pour les vendre dans ces contrées ? Tu souris, étranger, de cette question.

LE VOYAGEUR.

Je n’apporte point de marchandises de la ville. Mais le soir va bientôt répandre sa fraîcheur ; montre-moi, aimable jeune femme, la fontaine où tu te désaltères.

LA FEMME.

Voici un sentier dans les rochers… Monte devant ; ce chemin parmi les broussailles conduit à la chaumière que j’habite, à la fontaine où je me désaltère.